Rapport du Président du Conseil d’administration
Après une année 2020 qui a vu le Covid-19 contaminer la planète entière et engendrer la pire crise économique depuis la fin de la seconde guerre mondiale, 2021 était le millésime de tous les dangers, mais aussi celui de tous les espoirs.
Ces espoirs portaient un nom : vaccination. Jamais dans l’histoire, des vaccins n’avaient été développés aussi rapidement, ce qui a engendré enthousiasme d’un côté et scepticisme de l’autre. Au-delà de ce débat extrêmement clivant, il est incontestable que ces vaccins ont permis, au cours de l’année écoulée, de réduire drastiquement l’impact de la pandémie sur la santé, mais aussi sur la vie sociale et économique.
Dans de nombreux domaines d’activités, les mesures de soutien ont permis, en 2021, de panser les plaies et limiter les dégâts. Mais certains secteurs sortent de ces 2 années pandémiques extrêmement meurtris et affaiblis. Dans tout le pays, et notre région n’y échappe pas, les professions liées au tourisme, hôtellerie et restauration en tête, au sport et à la culture, à la santé, à l’enseignement et à la formation, toutes sont à bout de souffle. Non seulement la pandémie a affecté économiquement ces différentes branches mais, en plus, on constate un certain rejet de certaines professions qui peinent, alors que leur avenir s’éclaircit un peu, à recruter de nouvelles forces.
Du point de vue macro-économique, l’économie suisse a su tirer son épingle du jeu en 2021, bien soutenue par les pouvoirs politiques fédéraux, cantonaux et régionaux, plus à l’écoute que jamais de leurs concitoyens. Les aides financières mises en place en 2020 ont été prorogées et les oubliés des premières heures ont été entendus. C’est ainsi que la Confédération a engagé près de CHF 100 milliards entre 2020 et 2021 pour soutenir l’économie, c’est-à-dire préserver l’emploi et le versement des salaires. Et donc éviter un cataclysme. Les aides accordées ont été d’une envergure colossale si on les compare au budget de la Confédération, de l’ordre de
CHF 75 milliards en 2021.
L’industrie horlogère, poumon de notre région, s’est redressée aussi rapidement qu’elle avait courbé l’échine, démontrant à nouveau sa capacité de résilience. En 2021, les exportations de montres suisses ont dépassé celles de 2019, une année pourtant record. Lorsque l’on sait que ces exportations avaient fléchi de l’ordre de 25 % en 2020, c’est assez « bluffant ». A celles et ceux qui craignent que la typologie mono-industrielle de notre région soit synonyme de risque majeur, la crise Covid a permis de démontrer le contraire. C’est très rassurant et encourageant pour l’avenir.
Pour ce qui concerne notre établissement, les craintes de 2020 se sont aussi progressivement estompées lorsqu’il est apparu que les grandes entreprises de la région n’avaient pratiquement plus recours aux RHT depuis le début de l’année et que les emplois étaient, dans l’ensemble, bien préservés. Notre activité a donc été soutenue et les chiffres le démontrent.
Bilan
A l’actif, le volume des prêts hypothécaires, notre baromètre, a progressé de 3.5 % pour atteindre CHF 163,9 mios.
Les liquidités (CHF 27,2 mio ; ex CHF 27,9 mio), dont on craignait un certain reflux, se sont maintenues pratiquement au même niveau que l’exercice précédent.
Au passif, on constate à nouveau une progression des dépôts de la clientèle (CHF 142,1 mio; ex CHF 140,6 mio).
Outre l’aspect réjouissant de la confiance de nos clients, cette situation peut refléter aussi la renonciation par la population à certaines dépenses « non essentielles » ou liées à des libertés tout ou partie encore entravées en 2021. Quant aux emprunts auprès de la Banque des Lettres de gage, s’ils ont progressé de CHF 2.0 mio, ce n’est pas en regard des besoins de liquidités de notre établissement, mais bien plus pour profiter à long terme de taux bas et contribuer, dans le cadre de la politique ALM, à un meilleur équilibre entre actifs et passifs à taux fixes.
Comme lors des exercices précédents, et notamment en regard de la progression de la taille du bilan, nous avons poursuivi notre politique de renforcement des fonds propres, lesquels se montent désormais à 20,9 mio, soit 9,9 % (9.8 % en 2020) du total du bilan, et 120.47 % des exigences réglementaires en la matière. Au sujet de ce dernier ratio, il faut relever que la formule de calcul, propre aux « petites banques », change pour la seconde année consécutive, rendant la comparaison avec les exercices antérieurs impossible.
Compte de résultat
Si le résultat brut des opérations d’intérêts est resté pratiquement stable à CHF 2,7 mio, il faut noter que les revenus et les charges d’intérêts ont encore baissé. Le plancher des taux semble cependant désormais atteint, mais il existe encore chaque année des renouvellements de prêts hypothécaires à taux fixes à des niveaux de rémunération inférieurs aux précédents. D’où une diminution des revenus.
Les autres postes du compte d’exploitation sont assez semblables à ceux de l’exercice précédent. Notons toutefois que la différence des charges de personnel trouve, en partie, sa raison dans les prestations RHT obtenues en 2020, réduisant en cela la masse salariale.
Après attribution de CHF 200’000 aux provisions pour risque de taux (CHF 50’000) et charges informatiques (CHF 150’000), soit les mêmes montants que l’exercice précédent, le résultat opérationnel se monte à
CHF 900’000 (CHF 963’000 en 2020). Ce résultat nous permet d’attribuer CHF 280’000 (idem à 2020) à la réserve pour risques bancaires généraux et boucler l’exercice avec un bénéfice de CHF 511’000 (CHF 515’000 en 2020) après impôts. Ce résultat encourageant incite le Conseil d’administration à proposer à l’Assemblée générale un relèvement du dividende à 16 % (14 % en 2020).
Perspectives
Comme évoqué précédemment, les risques économiques liés à la pandémie sont fortement réduits en regard de la bonne santé économique de notre région. Le risque qui guette dorénavant notre établissement est celui de l’inflation, et donc la remontée des taux d’intérêts. Pratiquement 100 % des prêts hypothécaires sont désormais à taux fixe, donc sans indexation possible hors de leur renouvellement alors que, à contrario, 74 % des engagements envers la clientèle sont à rémunération variable, et donc susceptibles d’être impactés par une remontée des taux. Sur la base des prévisions conjoncturelles de la Banque Nationale Suisse, l’inflation devrait se maintenir malgré tout à un niveau bas, proche de 1 % en 2022, ce qui limite l’ampleur potentielle de hausses futures.
Pierre Dubois
Président du Conseil d’Administration