
Une enfant de La Vallée
Née au Sentier, Arlinda Ramqaj a grandi au Brassus avec ses parents et ses sœurs jumelles cadettes dans un environnement qu’elle décrit comme « idéal ». Après des études à la Vallée de Joux, elle passe trois ans au Gymnase d’Yverdon. « L’enseignement c’est un domaine qui m’intéresse depuis que je suis à l’école
enfantine, je savais que je voulais devenir prof, mais je ne savais pas encore à quel niveau. C’est au gymnase que j’ai découvert ma voie. J’ai eu la chance d’avoir de super professeurs, ils m’ont guidée dans mon choix de branches pour l’université et pour mon futur en tant qu’enseignante.» En 2017, elle débute sons cursus universitaire à Lausanne en anglais, histoire et psychologie.
Un parcours universitaire épanouissant
Pour Arlinda, ses cinq années à l’Université de Lausanne ont été une période « d’épanouissement total ». Elle quitte la Vallée de Joux et le foyer familial et s’installe en collocation en plaine. Cette nouvelle liberté l’amène à découvrir la « vie d’adulte ». « Je suis très reconnaissante de toujours avoir eu le soutien de mes parents, mais à 18 ans je voulais être capable de gérer moi-même mes finances. J’ai travaillé à la Coop plusieurs années, au Centre de formation romand (CFPAE) à Malley, j’ai été engagée quelquefois par la ville de Lausanne et pendant deux ans j’ai été tutrice en littérature à l’UNIL. » En parallèle à ses études et à ses nombreux emplois, elle poursuit d’autres activités. Originaire du Kosovo, elle s’engage dans l’Association des étudiants albanais de l’université de Lausanne (AEAUL). Pendant un peu plus d’un an, elle occupe le poste de secrétaire de l’AEAUL et participe à l’organisation de plusieurs événements. « C’était une expérience très enrichissante. Je n’avais pas forcément beaucoup de liens avec ma culture et tout d’un coup j’ai été confrontée à un monde différent. J’ai adoré pouvoir renouer avec mes origines, rencontrer des personnes appartenant à ma communauté et en apprendre plus sur ma riche culture. » Pendant son master, en plein Covid, elle a l’occasion de partir six mois à Dublin au Trinity College pour étudier la littérature postcoloniale. Grâce à cet échange, elle se retrouve pour la première fois à habiter à l’étranger.
Swiss Youth Reps ou comment devenir jeune déléguée suisse
Après son retour en Suisse, elle se lance dans son dernier semestre d’université. En attendant une réponse de la Haute Ecole Pédagogique, elle prend la décision de postuler à Swiss Youth Reps, un projet coordonné par le Conseil Suisse des Activités de Jeunesse (CSAJ) en collaboration avec le Département Fédéral des Affaires Etrangères (DFAE) qui lui faisait de l’œil depuis quelques années. Chaque année trois jeunes sont choisis pour représenter la jeunesse suisse au sein de l’Organisation des Nations Unies, ils sont appelés les Swiss Youth Reps. En tant que jeunes délégués suisses à l’ONU, ils participent à des conférences internationales, sensibilisent la jeunesse aux thématiques onusiennes et représentent la voix des jeunes suisses à l’ONU à l’échelle locale, nationale et internationale. « Le projet Swiss Youth Reps m’a intéressé parce que j’ai toujours considéré la diplomatie comme une perspective de carrière, sans pour autant renier l’enseignement. » Elle décroche alors un entretien avec les responsables du programme et est finalement sélectionnée. Avec son master en poche, elle débute son mandat en juillet 2022.
Au sein des Swiss Youth Reps, sa responsabilité principale est d’être chargée de communication. « Je gère les réseaux sociaux et notre site web, je m’informe sur des événements ou des projets qui pourraient nous intéresser, je crée des liens avec différentes organisations, et je m’occupe de garder contact entre les anciens et les nouveaux délégués. Ce job est un peu touche-à-tout mais c’est principalement de la communication et du networking. » De plus, Arlinda participe également à la réalisation du but premier des Youth Reps : faire connaître l’ONU à la jeunesse suisse en visitant plusieurs classes et récolter des informations sur ce que cette jeunesse pense des actions de l’ONU ainsi que les défis majeurs auxquels ils devront, ou doivent, faire face. « Nous voulons valoriser ce que les jeunes nous disent et nous avons le pouvoir de le réaliser en faisant monter leurs paroles et leurs opinions à l’échelle internationale. »
Un voyage à New York
Du 6 au 15 février 2023, la jeune déléguée a eu l’opportunité de voyager à New York pour participer à la
61e session de la Commission sur le Développement Social de l’ONU. Lors de la commission elle a participé à plusieurs événements en tant que modératrice et conférencière et elle a prononcé un discours sur l’importance d’inclure les jeunes dans les prises de décisions qui concernent leur avenir et l’avenir de la planète. Finalement, elle a également organisé son propre événement appelé Youth for Youth. « Avant de partir j’avais décidé de créer un « side-event » sur l’accès à l’éducation des jeunes qui vivent dans une situation de précarité et sur les jeunes en général, pour qui accéder au marché de l’emploi devient de plus en plus difficile. J’ai fait appel à d’autres jeunes délégués du Luxembourg, de l’Italie, de l’Autriche, de l’Allemagne et de la Finlande et ensuite les missions permanentes de la Suisse, de la Finlande et du Luxembourg nous ont rejoints pour sponsoriser l’événement. J’étais très fière de notre succès, plusieurs diplomates et délégués, intéressés par le sujet, sont venus assister à l’événement. C’était une véritable réussite. »
Ces neuf jours à l’ONU lui ont également permis de se rendre compte de la réalité du monde de la diplomatie. « C’est un monde complètement à part. Il faut avoir du sang froid pour pouvoir négocier avec d’autres diplomates et surtout il ne faut pas craindre de faire des heures supplémentaires. C’est impressionnant de se retrouver enfermée dans une salle où des décisions qui influenceront des millions ou même des milliards de personnes sont prises. En tant que jeune Suisse, ou plus simplement en tant qu’Arlinda Ramqaj du Brassus, qui aurait cru que je me serais retrouvée à l’ONU avec un badge diplomatique à assister à tous ces événements et surtout à avoir mon mot à dire là-dedans. C’est une opportunité incroyable et je ne réalise pas encore tout ce qui s’est passé. » D’ailleurs, suite à la réussite de sa première visite à l’ONU, Arlinda a été invitée à retourner à New York du 25 au 27 avril pour le YouthForum afin de s’exprimer sur la question du renforcement de la confiance des jeunes dans le multilatéralisme.
Et le futur ?
Actuellement, en parallèle à ses activités de jeune déléguée, Arlinda est étudiante à la HEP. En attendant de devenir enseignante d’anglais et de psychologie au gymnase, elle acquiert de la pratique en enseignant l’anglais à deux classes de 10e et de 11e au Mont-sur-Lausanne. Cette expérience confirme son choix de carrière. « J’adore mes élèves et j’adore enseigner. Redécouvrir ce que j’ai appris à l’école et devoir le didactiser pour le rendre accessible aux jeunes, c’est fascinant ! Enormément de choses passent par la relation que tu construis avec tes élèves, c’est une relation de confiance. » Ainsi, que ce soit en tant qu’enseignante ou en tant que Swiss Youth Rep, Arlinda est amenée à être à l’écoute de la jeunesse suisse. Sa volonté d’aider les plus jeunes pour leur offrir un meilleur futur guide son parcours professionnel. « Après Swiss Youth Reps, je me projette déjà dans d’autres choses. Je n’ai pas l’intention de m’arrêter là, il y aura d’autres projets qui me permettront d’aider ceux qui en ont le plus besoin ».

