Dimanche dernier, le temple du Sentier accueillait le chœur « Val d’Orbe », l’Ensemble instrumental « Fratres » et quatre solistes vocaux, Caroline Michel, soprano, Laure Molter, alto, Léo Guillou Kéraudan, ténor et Guillaume Frey, baryton, le tout sous la direction de Daniel Meylan, dans un programme Mozart : le célèbre Requiem et le Laudate Dominum, extrait des Vêpres pour un Confesseur.
Œuvre finalement complexe que ce Requiem, objet d’une commande assez mystérieuse, très vite considérée par le compositeur, malade, comme le concernant personnellement. D’où à la fois le texte latin de la messe des morts et une référence maçonnique marquée par l’emploi des cors de basset, créant une couleur particulière dans l’orchestre et donnant à l’œuvre un fil conducteur qui semble être « la mort, meilleure amie de l’homme », selon les mots même de Mozart. Cette chaleureuse amitié n’est partagée qu’après des luttes, des drames, des larmes et un jugement, suggérés par le texte liturgique, alors que le côté maçonnique apporte l’apaisement avec la douceur veloutée des cors de basset, magnifiquement traduite par les deux solistes de l’orchestre. Saluons également le rôle des cuivres, très homogènes, les trombones symbolisant chez Mozart l’irruption de l’au-delà (cf. l’apparition du Commandeur dans Don Giovanni).
Daniel Meylan et ses interprètes ont bien saisi le fil conducteur mentionné plus haut, restituant à l’œuvre son unité par-delà son inachèvement et les contributions des élèves du compositeur. Un chœur enthousiaste, sensible aux nuances et aux contrastes nécessaires, très lisible dans les passages contrapuntiques où Mozart se souvient de Bach et Haendel, des solistes homogènes, très à l’aise dans leurs solos (magnifique « benedictus », prenant « tuba mirum »), un orchestre équilibré et attentif à son rôle d’accompagnateur, tout cela contribue à la réussite de cette version sensible et humaine de ce Requiem, sous la direction dynamique et inspirée de Daniel Meylan.
Le concert s’achevait dans la sérénité et l’apaisement avec le Laudate Dominum dans lequel se déployait la belle ligne vocale de la soprano Caroline Michel, expressive et naturelle, reprise avec sobriété par le chœur.
Daniel Bouldjoua