La première conférence de la saison 2024-2025 de Connaissance 3 a permis à notre public de connaître le travail photographique d’Eric Rochat, un Combier qui connaît sa Vallée de fond en comble.
Il nous offre des clins d’œil sur des paysages – principalement de la Vallée de Joux mais aussi de régions voisines – en toutes saisons et sous tous éclairages. Il explore aussi une faune très variée, elle aussi soumise aux changements saisonniers. En effet, le regard d’Eric Rochat est remarquablement sensible aux changements de toute nature. Il note que le climat fantasque du Jura crée toute une succession de paysages à partir d’un même lieu. Il y a aussi les couleurs de la lumière réfractée dans les gouttes de rosée sur la toile d’araignée, le côté dépaysant de la lumière nocturne, toutes les variations infinies de la lumière qui paraissent magiques dès lors qu’elles sont fixées par la photo. À ce propos, Eric Rochat évoque l’octarine, une couleur imaginée par l’écrivain britannique Terry Pratchett et qu’on se plaît à chercher dans ses paysages, où l’on surprend parfois un air de famille avec Hodler, Monet ou Klimt.
Clins d’œil, car la photographie c’est bien sûr l’«instant décisif» cher à Henri Cartier-Bresson, mais pourtant le regard humain ne se résume pas à un instantané. Il résulte d’un dialogue complexe entre l’œil et le cerveau, un processus qui s’inscrit dans la durée et qui mobilise aussi la mémoire du photographe. Car photographier, c’est interpréter et le technicien en radiologie médicale qu’a été Eric Rochat le sait bien: l’image ne nous parle pas sans une forme de déchiffrage. Or c’est grâce au double regard du photographe et du naturaliste qu’il nous propose sa lecture personnelle des paysages jurassiens et de leur vie sauvage. La géologie explique le côté étrange de la Dent de Vaulion, bousculée au fil des millions d’années par rapport à l’alignement du plissement jurassien. La zoologie et la botanique éclairent la dynamique qui relie les organismes, comme ces saules en buisson où les chevreuils cherchent un refuge. Qu’il s’agisse de paysages, d’insectes, de mammifères ou d’oiseaux, les images d’Eric Rochat racontent une histoire. Une histoire éloquente au vu de l’attention soutenue avec laquelle sa présentation a été suivie par un public connaisseur et manifestement amoureux de la nature de notre région. Il est vrai qu’on pourrait vivre plusieurs vies à la Vallée de Joux sans en épuiser la magie.
Connaissance 3