L’ONU, le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le CICR… ces organisations sont très souvent à la une de l’actualité. Or le plus souvent, l’actualité en question est déprimante, ou franchement tragique. En outre, ces institutions internationales paraissent souvent impuissantes face à des situations de guerre, ce qui peut susciter de la désillusion à leur égard. Cependant, pour évaluer véritablement leur rôle, il convient d’aller au-delà des instantanés de l’actualité pour se replacer dans le temps long de l’histoire. C’est à cela que s’est employé l’ancien diplomate et haut-fonctionnaire du Département Fédéral des Affaires Étrangères, Claude-Georges Ducret, le 15 janvier, devant le public clairsemé mais manifestement intéressé de Connaissance 3.
De tout temps, la diplomatie était principalement l’affaire des relations bilatérales entre états et leurs ambassades. Mais dès le 19e siècle, les nations furent confrontées à des enjeux qui étaient multilatéraux par nature. On pense par exemple au trafic postal, qui relève de la plus ancienne de ces institutions, l’Union postale universelle fondée en 1900. Entre-temps, nombre d’organismes associés ou non au système des Nations Unies s’occupent du trafic aérien, de la navigation sur les voies d’eaux multinationales, de météorologie, des télécommunications, voire de la définition des unités de mesure: en bref, d’une longue liste d’enjeux universels réglés de façon satisfaisante sans susciter la fascination des médias.
Il n’en va pas de même pour le rôle politique de l’Organisation des Nations Unies, qui a connu de nombreux bouleversements depuis sa naissance au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. A ce moment, l’ONU réunissait cinquante pays représentant la majorité de la population mondiale. Par la suite, deux bouleversements majeurs ont changé radicalement le visage de l’organisation, à savoir la décolonisation et la fin de la guerre froide. Ce sont aujourd’hui 193 états qui sont représentés à l’Assemblée générale de l’ONU. Quant au remplacement de l’URSS par la Russie, au cours de péripéties que Claude-Georges Ducret raconte avec humour, elle continue d’être un défi pour l’ONU, comme l’actualité en témoigne.
L’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, la Cour internationale de Justice sont les branches principales du système des Nations Unies. Claude-Georges Ducret nous en a présenté le fonctionnement, en rappelant que le bilan récent des Nations Unies comprend aussi des réussites. Les accords sur la protection de la couche d’ozone, la convention sur la biodiversité, le traité sur la protection de la haute mer sont parmi les exemples de progrès qui ont des répercussions positives sur le long terme. En outre, le conférencier insiste sur un point rarement évoqué, à savoir que malgré la lourdeur de la grande machine onusienne, les individus et leurs capacités personnelles jouent un rôle stratégique. Ainsi, le conférencier évoque le cas d’un représentant d’un pays nettement plus petit que la Suisse, dont le talent a joué un rôle important dans certaines négociations. C’est que le mode décisionnel dans les organes de l’ONU fait grand cas du consensus, ce qui donne un pouvoir non négligeable aux voix des «petits». C’est dire que la Suisse, loin de ne faire que de la figuration, a une responsabilité à exercer dans ce cadre.
Connaissance 3