Enfant des Bioux, Quentin Rochat est le second Combier à avoir obtenu son brevet de pompier professionnel. Rencontre avec un jeune homme bien dans sa tête.
«Pour moi, ça reste le plus beau métier du monde», lance le sapeur Quentin Rochat, en faisant visiter «sa» caserne de la Vigie, au cœur de Lausanne. Quelque 121 sapeurs-pompiers professionnels s’y relaient nuit et jour, 365 jours par an. En 2016, ils sont intervenus 2115 fois, pour moitié suite à des déclenchements d’alarmes et à des incendies, et pour moitié, pour assurer la protection de l’environnement et le sauvetage de personnes et d’animaux. «Lorsque je prends mon service, qui dure 24 heures, je ne sais jamais d’avance ce que je vais faire, et cette absence de routine, je l’apprécie beaucoup», exprime-t-il en premier, lorsqu’il évoque son quotidien.
De la Vallée de Joux à la capitale Vaudoise
Fils de pompier milicien, Quentin Rochat passe son enfance aux Bioux. Ce n’est qu’à l’âge de 18 ans qu’il décide d’intégrer les pompiers volontaires. Pour rendre service à sa région et pour voir si «les choses se passent vraiment comme dans les films». Il suit la formation de base de trois jours délivrée par l’ECA, puis se forme au sein du SDIS Vallée de Joux au rythme d’un cours par mois pendant une année, ce qui lui permet d’intégrer les groupes d’intervention. Il se souvient très bien des premiers sinistres importants sur lesquels il est dépêché: des inondations, un incendie criminel «Chez-le-Maître», puis, le 12.12.2012, un feu de ferme aux Bioux. «Ça m’a marqué au point que je n’oublierai jamais cette date».
Son CFC de constructeur métallique en poche, Quentin Rochat participe à un cours de formation continue à l’intention les sapeurs-pompiers volontaires. Des professionnels y présentent le port d’appareils respiratoires. A leur contact, l’intérêt du jeune homme s’enflamme. Il passe ensuite beaucoup de temps à s’informer sur internet, tombe sur les annonces de sélection pour les aspirants sapeurs-pompiers lausannois et décide d’envoyer son dossier. Et alors qu’il a une excellente condition physique, entretenue par 14 années de hockey notamment, il est finalement recalé. Il tente à nouveau sa chance un an plus tard et décroche le graal cette fois-ci: une place d’aspirant sapeur-pompier au Service de protection et sauvetage de la Ville de Lausanne (SPSL) à la caserne de la Vigie.
L’école latine de Versoix
Durant 18 mois, Quentin Rochat a donc suivi les cours théoriques dispensés par l’Ecole latine des sapeurs-pompiers professionnels de Versoix. Seule en Suisse romande à délivrer le brevet de sapeur-pompier professionnel, elle regroupe dans sa classe une vingtaine d’aspirants. Pour le côté pratique, le jeune Combier a bénéficié de son incorporation au sein de la caserne de la Vigie, qui lui a permis d’acquérir de l’expérience et de développer les qualités propres au pompier professionnel. «Pour faire ce métier, il faut effectivement avoir une excellente condition physique, mais ce n’est pas tout», explique Michel Gandillon, responsable communication du SPSL. «La résistance à la pression, la faculté d’être à l’aise en équipe et la stabilité psychologique font partie du savoir-être nécessaire pour évoluer dans ce milieu à un rythme quotidien jusqu’à l’âge de la retraite».
Sapeur, au cœur des interventions
Depuis décembre dernier, Quentin Rochat répond donc au grade de sapeur. Un titre qui lui confère de nouvelles responsabilités. Déjà doté d’un permis C et D1, il peut désormais traverser la ville feux bleus enclenchés.
Lors d’incendies, il est au cœur de l’action: il fait partie de ceux qui montent dans les étages, évacuent les gravats, ou tiennent la lance.
Lorsqu’il se promène en ville, les lieux qu’il traverse lui rappellent souvent d’anciennes interventions. En janvier dernier, il était aux premières loges de l’incendie à l’avenue du Tribunal fédéral. «C’était impressionnant. Les flammes sortaient par les fenêtres de cet immeuble de six étages. Tout s’est bien passé, nous n’avons pas eu de victimes à déplorer.
Personnellement, j’étais assigné au sauvetage, c’est-à-dire que je devais porter secours aux personnes en posture difficile. J’ai réussi à en faire sortir deux par la cage d’escalier enfumée».
Quentin Rochat compte bien ne pas en rester là. «J’ai envie d’aller de l’avant, tout reste à faire! A Lausanne, plusieurs pistes d’évolution nous sont proposées. Personnellement, j’aimerais bien faire partie un jour du Groupe d’appui tactique feu (GATF), qui collabore sur des missions spéciales avec un détachement de la gendarmerie vaudoise».
A ceux qui voudraient devenir sapeurs-pompiers professionnels, comme lui, Quentin Rochat conseille de se faire une idée du métier en s’engageant dans les pompiers volontaires. «Je déconseille de postuler sans avoir un peu d’expérience de terrain: les films à la télé ne devraient pas être la seule référence d’un jeune».
Journées portes ouvertes
Le Service de protection et Sauvetage de Lausanne (SPSL) ouvre ses portes les 16 et 17 juin prochains.
L’occasion pour la population vaudoise -et pourquoi pas pour les Combiers- de découvrir les coulisses du site de la Vigie.
Des visites et de nombreuses animations sont au programme.
Plus d’informations: www.lausanne.ch/spsl
Des conditions d’admissions très exigeantes
En Suisse romande, les places d’aspirants-pompiers se méritent.
Un premier tri s’opère lors du choix sur dossier des candidats. En effet, ils ne correspondent pas tous aux nombreux critères exigés dans l’offre d’emploi des aspirants – mesurer au moins 165 centimètres, avoir entre 22 et 27 ans, être en possession d’un CFC ou titre jugé équivalent, être en excellente condition physique, avoir un casier judiciaire vierge et être en possession d’un permis de conduire (cat. B), notamment.
Ensuite, en plusieurs étapes, les candidats sont soumis à des journées de tests très physiques, qui évaluent aussi leurs compétences psychologiques, dont la capacité à faire face au stress et à l’imprévu.
L’an dernier à Lausanne, au final, seuls deux jeunes ont décroché un poste d’aspirant pompier, sur la soixantaine de candidats ayant manifesté leur intérêt.