Le restaurant buvette d’alpage fête cette année ses vingt-cinq ans. Il a accueilli la deuxième session de l’année du Conseil communal de L’Abbaye, lequel a octroyé à cette occasion sa toute première bourgeoisie d’honneur.

Le programme fourni du Conseil communal de L’Abbaye, le soir du 18 juin, pouvait laisser présager une longue soirée, avec le repas qui suivait. Il n’en fut rien. Convoqués à 18 heures sur l’alpage des Croisettes, les conseillers communaux avaient voté les six préavis municipaux (portant notamment sur d’autres alpages communaux et le soutien aux Jeux Olympiques de la Jeunesse) en un peu plus d’une heure. C’est un syndic plus que reconnaissant, en la personne de Christophe Bifrare, qui reprenait la parole au milieu du repas pour la remise officielle -sixième et dernier objet voté plus tôt dans la soirée- de la bourgeoisie d’honneur à un citoyen méritant: Henri Berney. C’est même avec une certaine émotion que Christophe Bifrare a présidé, en présence de la famille du lauréat, à la signature du document honorifique et à sa remise.
Un horloger qui a beaucoup fait pour son village
Henri Berney est né en Groenroux en janvier 1933, petit dernier d’une fratrie de cinq. Il a passé toute son enfance à la ferme.
Diplôme d’horloger en main, il part à dix-neuf ans travailler à Schaffhouse. Payé comme souvent à l’époque «à la pièce», ses copains le remettent à l’ordre, il va trop vite! Après quelques années passées notamment à Fleurier (où il rencontre sa future épouse), Genève, puis la Chaux-de-Fonds, il revient au bercail où il crée par la suite la marque Berney-Blondeau. Il exposera au salon Baselworld pendant près de trente ans.
Henri Berney s’est engagé dans les autorités villageoises et communales, a fondé la Bourse horlogère et créé et présidé la société des téléskis de L’Abbaye. C’est surtout pour sa contribution à la réhabilitation de la Tour de L’Abbaye (dont il a été l’élément déclencheur avec Rémy Rochat des Charbonnières) que la municipalité a souhaité l’honorer.
Un toupin pour les 25 ans de l’alpage-buvette
Plus tôt dans la soirée, le maître des lieux Louis-François Berney avait choisi un texte biblique, le célèbre psaume 23, comme un guide pour retracer l’aventure de cet alpage à gruyère reconverti en buvette d’altitude par son père Edward, au moment où ce dernier prenait sa retraite et ses propres pérégrinations, depuis 2001, pour développer sans cesse ce bien et en faire la success story qu’on connaît aujourd’hui (entre 15’000 et 20’000 clients annuels, dont une belle clientèle VIP et internationale). «Les “verts pâturages” sont autour de nous. Le Seigneur nous a conduits sur des terrains d’exception. La “Vallée de l’ombre et de la mort”: il nous a sorti de situations professionnellement difficiles dans le monde agricole, si bien que nous voici prêts à passer le témoin à la génération suivante», déclarait-il.
Le municipal en charge des alpages Paul-Claude Rochat a remis à son épouse Roselyne Berney un bouquet de fleurs et à Louis-François un toupin, lequel ira s’ajouter à la série de toupins et de cloches déjà suspendus à la poutre d’entrée, comme autant de témoins des étapes marquantes de la vie de cette famille de paysans-
entrepreneurs.
Le saviez-vous?
Les autres communes combières avaient déjà leurs bourgeois d’honneur – l’entrepreneur Gérald Dubois et le sauteur et skieur Jean-Yves Cuendet pour celle du Lieu, le chef de chœur André Charlet pour celle du Chenit. L’Abbaye n’en avait point ou, du moins, aucune trace historique de telle distinction remise en 448 années d’existence. C’est désormais chose faite.
Un souvenir marquant
Voici l’anecdote relevée par Louis-François Berney des 25 ans d’existence de l’alpage-restaurant des Croisettes: «La vieille génératrice de mon père sautait littéralement sur ses pattes tellement elle était usagée et mal pratique. Elle nous a créé des problèmes jusqu’à son remplacement par une génératrice à mazout de nouvelle génération. On discute maintenant de ramener le courant depuis le départ du téléski du Sapelet jusqu’aux trois alpages du Bucley, de la Duchatte et des Croisettes. Ce sera le travail de mon fils Kim et des familles Rochat et Poncet.»

