A l’heure où plus personne ne conteste les effets du dérèglement climatique, hormis quelques obscurantistes qui ne lisent probablement pas ces lignes, il faut bien reconnaître qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire. Nous sommes loin d’arriver à respecter les Accords de Paris, et quand bien même, ses objectifs seront probablement insuffisants pour nous permettre d’inverser la tendance climatique. Et malheureusement, ce n’est pas parce que vous n’avez pas pris l’avion en 2020 que nous avons de la neige en quantité cet hiver, si seulement c’était si simple! Une fois la crise sanitaire passée, tout reviendra certainement comme avant, et tant qu’il sera possible de partir en week-end à Barcelone pour moins de CHF 50, les avions seront aussi nombreux qu’avant.
Les émissions de CO2 occupent une place très importante parmi les causes du réchauffement climatique. Et selon l’OFEV, ces émissions de gaz carbonique proviennent pour 32% des transports, pour 17% des ménages (dont les ⅔ pour le chauffage) et pour 24% de l’industrie – la plupart du temps, il est émis à l’autre bout de la planète pour des produits que nous importons et consommons ici.
La transition énergétique est la modification des modes de production de notre énergie. L’enjeu est de nous passer des énergies non renouvelables (pétrole et ses dérivés, charbon), qui en plus d’être limitées sont génératrices de CO2, et de les remplacer par des énergies renouvelables qui ne dégagent pas de CO2 et qui peuvent être produites localement.
L’enjeu est crucial: il apparaît à présent évident que l’avenir appartiendra aux voitures électriques, qui ont un meilleur rendement énergétique et n’émettent pas de CO2 en roulant – alors qu’il semble que l’énergie nécessaire à leur production et recyclage soit comparable à celle des voitures traditionnelles. La Ville de Lausanne vient d’annoncer que seuls les véhicules électriques seront autorisés en ville dès 2030, et les Verts réclament l’interdiction de vendre des véhicules à combustible fossile dès 2025. La demande en électricité va donc augmenter, et il est exclu que cette augmentation soit fournie par des centrales à charbon ou à gaz.
Notre région est déjà engagée dans cette transition énergétique, par exemple avec les chauffages à distance à bois du Sentier et du Brassus, avec des panneaux solaires et avec le projet éolien.
Mais ces démarches sont encore modestes: il n’y a pas encore de certitude que le projet Eoljoux se concrétise un jour. Les chauffages à distance pourraient être déployés plus largement, il reste encore de nombreux emplacements où installer des panneaux solaires dans notre région, qui jouit d’un ensoleillement et les mesures prises pour économiser de l’énergie sont plutôt timides. On a pu avoir l’impression que la Municipalité du Chenit se reposait beaucoup sur le projet Eoljoux pour faire sa transition énergétique. S’il est vrai que, mathématiquement, la production annuelle d’électricité de ces éoliennes correspondrait environ à la consommation annuelle de La Vallée, il me semble insuffisant de ne miser que là-dessus. Quel que soit l’avenir d’Eoljoux, il faut faire le maximum pour développer les autres types d’énergie, et surtout pour améliorer notre efficacité énergétique.
Sur le terrain de l’assainissement énergétique des bâtiments, il y a beaucoup à faire (par exemple la bulle de tennis du Centre Sportif, sans doute la plus grande aberration énergétique de notre Vallée, aurait dû être remplacée par un bâtiment énergétiquement neutre, il y a longtemps). Il est souvent plus simple d’économiser un kW/h que d’en produire un.
Que ce soit la production d’énergie locale ou l’économie d’énergie, la plupart des mesures ont en commun d’être rentables économiquement et de générer des emplois localement. La transition énergétique n’est pas un investissement à fonds perdus pour faire plaisir à quelques écolos, il s’agit d’une démarche urgente, nécessaire et bonne pour notre économie. A l’heure où les communes préparent leurs plans énergétiques, je souhaite que notre Vallée se dote d’un plan climat ambitieux, avec notamment l’objectif de la neutralité carbone pour 2030 et pourquoi pas le label Cité de l’énergie pour Le Chenit. J’espère que la population participera à cet effort indispensable.
Nicolas Guignard,
candidat à la Municipalité
du Chenit, Les Verts