A PEUR
L’injonction «N’ayez pas peur!» m’a toujours posé problème, voire même agacée. Cela se veut rassurant de la part de la personne qui l’émet et pourtant chacun ayant expérimenté la peur sait qu’il ne suffit pas de l’identifier pour qu’elle disparaisse. Face à un chien qui montre les crocs, inutile de nous répéter de ne pas avoir peur. On peut tout au plus au fil du temps
apprendre à faire avec. Quand l’anxiété a jeté l’ancre, il nous faut autre chose.
Cette phrase «N’ayez pas peur!» se retrouve pourtant à maintes reprises dans la bible. C’est donc que nous sommes tous à la même enseigne depuis des siècles, qu’avoir peur fait partie de la vie. Alors qu’y a-t-il dans la Parole de Dieu qui me permet d’avancer? Que ce soit relayé par l’ange du Seigneur ou la parole de Jésus en personne (Mt 28,5 et 10), chaque rencontre fait son effet, apaise, émerveille, envoie… Une parole qui fait ce qu’elle dit, l’auditoire est retourné. La foi n’enlève pas l’objet de notre peur, elle nous retourne, elle nous fait voir autrement. Elle nous permet de ne pas rester tétanisés. Alors, si c’est à cette confiance à regarder au-delà de nous que nous sommes appelés, je veux bien apprendre à faire avec!
Je suis en apprentissage: Je suis toujours effrayée par un précipice vertigineux, un abîme, parce que j’y vois la mort. Je peux être rassurée par les profondeurs aquatiques, le mystère de l’abysse, parce qu’on m’y a montré la vie.
L’inquiétude dans le cœur de l’homme l’abat, mais une bonne
parole le réjouit (Pr 12,25).
Carole Meigniez,
auxiliaire pastorale catholique