Depuis quelques années, en Suisse comme ailleurs, le système démocratique est parfois mis à mal. On s’interroge sur ces remises en question permanentes, ces contestations innombrables qui, un peu partout, y compris chez nous, deviennent de plus en plus violentes, parfois même avec un total mépris des autorités. D’ailleurs, des responsables politiques, on ose dire tout et le plus souvent n’importe quoi… La notion de respect n’a plus guère droit de cité. Signe des temps ou mouvement plus profond de tendance anarchiste? La démocratie est-elle vraiment en péril?
Les causes de cette contestation généralisée ne sont en revanche probablement pas les mêmes d’une région à l’autre du globe. En Suisse, et en Europe en général, la lente désagrégation du cadre familial est peut-être, sans être la seule évidemment, une des sources de la métamorphose de notre société. La famille «conventionnelle» (une mère, un père, un ou des enfants, des grands-parents), c’était le pilier solide sur lequel pouvaient s’appuyer les différentes institutions étatiques (gouvernement, armée, police, justice, école, services sociaux). Avec l’évolution des mœurs et des mentalités (les racines en sont multiples) peu à peu c’est le grand chambardement! Une transformation qui va s’accélérer dès la fin du XXe siècle avec le développement de l’instruction, de l’information et surtout des technologies (satellites de transmission, télévision en direct, ordinateur privé, internet, téléphone portable, réseaux sociaux de communications et d’échanges). Ainsi, depuis maintenant plusieurs années, le respect de l’autorité s’est réduit comme peau de chagrin, le citoyen affiche ostensiblement la primauté de sa personne et n’a plus aucune crainte de qui ou quoi que ce soit! Et il y a peut-être là un certain risque, dans un contexte général qui deviendrait trop laxiste, les milieux extrémistes et anarchistes (oui, ça existe!) pourraient profiter facilement d’une opportunité afin de déstabiliser l’Etat et semer la pagaille!
Alors oui, il y a des raisons de s’inquiéter, la violence, quelles qu’en soient les motivations, ne doit pas passer et doit être contenue avec détermination. Pour autant on peut demeurer optimiste car, pour la très grande majorité de la population, la démocratie représentative telle que nous la connaissons dans notre pays, avec élections et votations -malgré bien des défauts- restera probablement encore longtemps le système politique qui peut le mieux assurer à notre société son développement, sa sécurité, sa tranquillité.
Chaque fois qu’il nous est possible, rejetons les thèses et actes extrémistes, soutenons et défendons fermement la notion de l’Etat de droit, cela en vaut encore largement la peine!
Michel Hangartner
Vallorbe
P.S. Sous des angles un peu différents, mes deux prochains «Point de Vue» traiteront de ce même sujet