Vacheron-Constantin, Jaeger-Lecoultre et Eaton ont chacune reçu un prix à l’occasion d’une petite cérémonie et d’une conférence de presse organisée le 28 octobre dans le Val-de-Ruz. L’occasion de se pencher à nouveau sur la prise de responsabilités des entreprises dans le domaine de leur performance environnementale.
Le Challenge covoiturage 2022 a eu lieu la semaine du 19 au 23 septembre derniers. C’est l’un des projets incitatifs et visibles développés depuis 2011 dans l’arc jurassien pour favoriser ce mode de transport à vocation éco-responsable. Concrètement, des collègues de travail s’inscrivent par équipage de deux à cinq et s’engagent à covoiturer pendant une semaine. 2350 professionnels y ont pris part, représentant 160 entreprises, en augmentation d’un quart par rapport à l’avant-Covid. Les entreprises sont réparties et jugées en quatre catégories selon leur taille. Sur les seize entreprises combières ayant participé au concours, trois ont été primées.
Orolux primé parmi les grandes entreprises
Mais c’est une entreprise du Noirmont, Orolux et ses 300+ collaborateurs, qui aura cependant marqué les auditeurs par ses progrès importants réalisés dans le domaine: le fabricant de boîtes de montres a mis sur pied un plan de mobilité interentreprises local, impliquant sept sociétés et appuyé par le canton du Jura. Il a édicté des mesures incitatives, telles l’octroi d’un accès prioritaire au parking d’entreprise aux covoitureurs et la possibilité d’un retour à domicile en cas de nécessité organisé par l’entreprise. « Le Challenge covoiturage nous a dynamisés dans nos efforts auprès de nos collaborateurs », résumait Amandine Ménétrier, des ressources humaines d’Orolux.
Précurseurs
De telles mesures et une telle progression sont, de fait, plus ou moins acquises du côté de La Vallée. La région est véritablement précurseur dans le domaine, elle qui affiche, pour ses entreprises employant un important contingent frontalier, un taux inégalé de 40% de covoiturage. Qui dit mieux ? Jaeger-LeCoultre, primée cette année en tant qu’entreprise comptabilisant le plus grand nombre d’inscrits au Challenge (140) a reçu en 2008 déjà le prix de la mobilité du Canton de Vaud ; si son pourcentage de covoitureurs se situe en-dessous de la moyenne, elle compense largement en mettant à disposition de son personnel trois lignes de bus gratuites. Quant à Vacheron-Constantin, primée elle aussi à Chézard-Saint-Martin pour ses 30% de collaborateurs inscrits, elle aussi établit un plan de mobilité interne, dans lequel la taille limitée de son parking du Brassus n’est que le sommet de l’iceberg : les émissions de CO2 générées par les déplacements professionnels de cette filiale du groupe Richemont sont ainsi compensées par autant d’investissements dans des projets écologiquement responsables. C’est dire, finalement, que le potentiel de développement du covoiturage se situe plus loin dans l’arc jurassien.
Le covoiturage est propre à l’arc jurassien
En dix ans, en effet, la part de covoiturage a doublé dans l’arc jurassien franco-suisse pour atteindre 25%, sur un total de 42’000 collaborateurs ; 180 entreprises sont en outre parties prenantes du vaste dispositif de promotion qui s’étend de la Vallée de Joux jusqu’à Boncourt. C’est beaucoup, par rapport à la moyenne nationale, laquelle se situe entre 4% et 5%! Mais c’est aussi une nécessité topographique. L’arc jurassien franco-suisse se prête en effet idéalement à cette solution. C’est une région rurale et périphérique, transfrontalière et transrégionale, manquant de transports en commun et où la voiture est le moyen de transport de loin le plus efficace.
Objectifs ambitieux
Le prochain objectif, selon Mireille Gasser, la responsable du dispositif de promotion du covoiturage dans l’arc jurassien, serait d’atteindre la moyenne d’un tiers de collaborateurs qui covoiturent et ce, dans une nouvelle phrase du projet qui débute désormais. Le conseiller d’État neuchâtelois Laurent Favre appelait même de ses vœux un nouveau doublement de ce taux. L’objectif est très ambitieux, alors que le dispositif de soutien, financé jusque-là exclusivement de manière publique, va devenir payant pour les entreprises, à hauteur de 20% du budget global. Mais on va peut-être y arriver, à cause de l’introduction des mesures de plus en plus contraignantes, tant au niveau politique qu’au niveau des entreprises. C’est en effet dans ce sens que souffle le vent actuel.
Entre incitatifs et directives
Par exemple, la tarification progressive des parkings est une tendance de fond. Plus ceux-ci seront proches des centres urbains, plus chers ils seront. La Vallée de Joux elle-même n’échappera pas à cette tendance à la tarification des parkings. Non plus que les parkings d’entreprise. Le prix du carburant devrait également jouer un rôle… presque mécanique. «Tout est possible, mais à quel prix?» résumait Caroline Gawlas, experte-conseil du dispositif de promotion. «Le ressort le plus efficace reste le changement de perspective et de mentalité, à savoir que les entreprises offrent un maximum de possibilités à leurs collaborateurs pour qu’ils fassent les bons choix.»
Dans ce domaine, la Vallée de Joux garde des années d’avance.
Ils ont dit
En entrée de cérémonie, Roby Tschopp, municipal de la commune du Val-de-Ruz hôte de l’événement, saluait le covoiturage comme un moyen terme intéressant et même le chaînon entre mobilité douce et voiture traditionnelle. Mireille Gasser, pour sa part, que la stratégie de promotion du covoiturage, côté suisse, portait sur les entreprises et côté français, sur des parking-relais. Le maire de Morteau Cédric Pôle relevait enfin que les territoires français frontaliers n’avaient pas vraiment d’alternative, pour rendre la mobilité plus durable et abordable, que leur implication dans le dispositif transfrontalier de l’arc jurassien. Heureusement, les régions françaises jouissent désormais pour ce faire d’une plus grande autonomie législative.
