La municipalité a présenté son projet de parkings payants sur le domaine public à une assemblée fournie et concernée, suscitant de nombreuses interpellations et questions. Un sujet d’intérêt pour toute La Vallée, qui n’échappera pas aux mêmes enjeux.
Plus de cent citoyens de L’Abbaye étaient rassemblés le 29 novembre à la grande salle de L’Abbaye, l’occasion de se voir rappeler par Claude Piazzini, municipal en charge des routes ce qui est, au fond, une vieille histoire : suite à une motion du conseiller communal Pierre Golay en 2008, la municipalité s’engageait alors à créer des « zones bleues » pour favoriser la rotation sur la rade du Pont si touristique et appréciée, donc prise d’assaut par les véhicules – et accessoirement financer quelques infrastructures par cette manne. Cinq ans plus tard, une seconde motion remettait la compresse et poussait la municipalité à proposer un système d’horodateurs, jugé « meilleure solution » au problème.
D’une problématique localisée à un concept global
Pour résoudre une problématique localisée, la municipalité propose ainsi en cette fin d’année 2022 un projet beaucoup plus vaste : celui-ci concerne un total de quelque 660 places individuelles, 500 sur le domaine public et le reste, réparties entre les villages et certaines entreprises. Elles seront réparties en parkings payants de courte et de longue durée (l’appellation « zone bleue » est vouée à disparaître). Les tarifs proposés ? Un franc cinquante de l’heure et des abonnements annuels, avec des prix échelonnés selon que l’on est résident de la commune ou non. L’habitant du Chenit qui travaille sur la commune de L’Abbaye et n’a pas de solution de parcage se verra ainsi proposer un abonnement à CHF 400.-/an, sans assurance de trouver à se garer les jours de forte affluence si tout est déjà pris.
Mais les municipaux rassurent : « Le système proposé reste malléable et adaptatif. Cela nous permettra aussi de financer, comme le prévoyait la motion, l’aménagement du parking des Glacières [gravillonné, derrière la gare du Pont ndlr]. En l’état, il n’est pas sûr que le Canton nous laisse encore longtemps l’exploiter. »
Deux points du débat
C’est chez la quinzaine de commerçants du Pont que s’exprime le plus d’incompréhension. Déjà fragilisés économiquement, ils craignent de perdre des clients rebutés par les difficultés de se garer et de ne pas pouvoir absorber un tel choc. Les a-t-on bien pris en compte dans le projet ? Au nom de la municipalité, le syndic Christophe Bifrare les en assure.
L’autre sujet de discorde, relevé dans l’assemblée, est l’impression que le concept proposé introduise un impôt indirect, sans plus-value et se révèle donc pénalisant pour les Combiers: « C’est un problème spécifique au Pont et aux touristes, qui ont déjà le transport gratuit avec le ValPass. En plus, les jours de forte affluence sont peu nombreux, ce sont les week-ends d’été et quand le lac gèle. En fait, on passe de rien à tout ! », déplore un citoyen. Applaudissement dans l’assemblée. En face, les municipaux argumentent que le tourisme actuel se déploie sur les quatre saisons et qu’un concept global ne peut prévoir des milliers de cas différents, exemptions et autres passe-droits. «Ce que nous proposons est comparable à ce qui existe déjà au Sentier depuis plusieurs années», plaide Claude Piazzini.
Un avant-goût
Christophe Bifrare n’en fait pas mystère: les deux autres municipalités suivent de très près la progression du dossier, qui renseignera sur la généralisation de ces mesures dans toute La Vallée. L’étude de mobilité, feuille de route à vocation officielle, prévoit que La Vallée suive la tendance générale et taxe le parking sur son domaine public. Et le syndic de conclure : « La municipalité va maintenant réfléchir si elle se présente devant le Conseil communal avec ce projet où s’il doit mûrir encore. »
C’est en effet aux 40 conseillers communaux qu’il reviendra de valider ou non le projet quand celui-ci leur sera soumis sous forme de préavis municipal, vraisemblablement dans la première moitié de 2023. Dans la commune réputée la plus indépendantiste de La Vallée, nul doute que la route, déjà encombrée, restera longue.