Une vive émotion a envahi le Temple du Sentier samedi 3 décembre dernier, et pour cause, c’était la dernière fois que le Chœur Ohana chantait. L’aventure s’est conclue dans un Temple plein, sous les ovations du public et quelques larmes versées. C’était la der de Yves Planchamp aux commandes du Chœur de jeunes.
Instituteur, ancien garde suisse au Vatican et désormais ex-directeur de la chorale de jeunes
Une personnalité hors du commun qui réfute toute lumière sur sa personne, Yves Planchamp est bien connu des Combiers. Planplan pour les anciens élèves, il a porté depuis de nombreuses années la casquette de directeur de chorale des jeunes : « Il y a eu le Chœur des 10-11e au tout début, que j’ai arrêté il y a une dizaine d’années. En 2016, Ohana est né. On était toute une bande et on désirait faire quelque chose ». Sans oublier Tongue of Angels qui a compté jusqu’à 130 jeunes, tous ou presque ses anciens élèves. « On a eu un temps d’arrêt avec le covid, confie l’instituteur, certains ont pris d’autres chemins, ce soir nous sommes 90, parmi lesquels une dizaine de musiciens. La grande majorité était en classe avec moi alors on se connaît très bien ! »
« Le vieux chêne se doit de disparaître pour permettre aux jeunes chênes de s’élever vers la lumière »
Pourquoi s’arrêter ? « Parce que je sens que, simplement, c’est la fin. Beaucoup ont commencé d’autres choses pendant le covid et reprendre le chœur comme tel ça n’irait pas, trop de perte de choristes. Il y en a qui habitent loin et font beaucoup d’efforts pour revenir. C’est mieux de partir tout en haut qu’en bas. Ma mission est accomplie ! La devise des officiers en Suisse est « servir et disparaître ». Avec eux j’ai des liens très forts, on a vécu déjà à l’école des moments extrêmement forts. C’est un honneur pour moi de les avoir eus comme élèves. On vit des moments extraordinaires ! Ils sont jeunes, ils sont vrais, pas tricheurs, c’est ça qui est beau ! Je suis fatigué maintenant, j’ai une chance fabuleuse d’avoir créé des liens très forts avec les élèves, je suis un chanceux de la vie ! ça demande beaucoup d’énergie, mais on en voit le résultat aujourd’hui. »
« Je ne suis pas seul »
Yves Planchamp refuse de prendre toute la lumière et met en avant ses comparses Aina Tramaux, directeur instrumental et Michel Chevalier, sonorisateur depuis le début ou presque. Le premier est un ancien élève, âgé de 23 ans aujourd’hui « déjà en cours Yves me demandait d’accompagner la classe au piano, j’étais juste son pianiste, puis progressivement, il a ajouté d’autres musiciens. Yves a toujours géré le social, moi j’étais volontiers intéressé aux questions musicales. Les gens voudraient que je prenne la relève, j’en aurais du plaisir mais ce n’est pas la bonne période. Le chœur vit parce qu’il y a Yves, ils sont là pour lui. Je trouve juste de laisser aller comme ça, c’est une manière de l’honorer. Si l’occasion se présente, dans 2-3 ans, pourquoi pas. A titre personnel le chœur est important pour moi, émotionnellement c’est très fort. La quasi-totalité des personnes qui me sont proches sont là, les voir chanter des musiques que j’ai pu arranger ça me fait chaud au cœur. C’est une famille et on est heureux de se retrouver. C’est vivre la musique avec
les gens qu’on aime » conclut celui qui suit actuellement une formation d’enseignant de musique.
Amis fidèles
Le deuxième, Michel Chevalier, bien connu des Combiers, s’occupe de sonoriser la chorale. « ça fait plus de 25 ans que je suis Yves. Avant j’étais maître à l’ETVJ pendant 37 ans. J’ai toujours aimé m’occuper du son en général. Avec le chœur j’ai agrandi les moyens en même temps qu’il grandissait. Ça me fait de la peine de le voir s’arrêter, j’ai toujours aimé le contact avec les jeunes. J’aime la musique, à la base je suis musicien – violoncelle, guitare… Au début c’était pour rendre service à Yves, puis je me suis piqué au jeu. Je suis bénévole par amitié. Ce sera difficile de refaire quelque chose maintenant, après Yves. »
Émotion palpable
Le Temple du Sentier était plein à craquer ce samedi soir et plus de
200 personnes étaient venues la veille assister à la répétition générale ouverte au public : « C’était vraiment cool » raconte Yves, les larmes aux yeux. Le public, composé d’anciens élèves, de familles, d’amis de toujours, a contenu ses larmes. Planplan, lui, a eu une surprise à la toute fin du concert (voir notre vidéo sur notre page YouTube). Assis par terre, tournant le dos au public, face au chœur, il lance un grand « je vous aime » à la fin, auquel les chanteurs répondent d’une seule voix résonnant dans tout le Temple « nous aussi ! » Standing ovation, suivie par de longues accolades à tous les chanteurs, le final d’Ohana a été grandiose !




