Pari tenu que d’organiser quatre courses de ski avec une météo adverse du début à la fin. La manifestation cantonale, avec sa partie festive, aura attiré plus de deux mille personnes au Sentier. Reportage sur le camp de ski de la Fédération vaudoise des jeunesses campagnardes (FVJC).
En décembre dernier, alors que champs et pentes étaient encore verts et que les prévisions évoquaient un «pic de douceur» et un «nouvel hiver sous le signe du réchauffement climatique», on a craint, à la «Fédé» comme ailleurs, que les Combiers ne s’en sortent pas. Car de l’adversité, il y a eu! Lauranne Gavillet, responsable du programme sportif, se rappelle avoir monté, avec d’autres, la gigantesque cantine par une bise glaciale. «Le montage de l’infrastructure nous a pris trois jours. C’est deux fois plus de boulot quand les conditions sont mauvaises», commente la jeune femme. Jusqu’à jeudi dernier, premier jour officiel de la manifestation, les organisateurs ne savaient pas encore si les compétitions pourraient avoir lieu. «On sait que les camps de ski à La Vallée, c’est toujours un coup de poker. Mais on a une équipe qui a fait du super boulot, notamment pour pouvoir garantir un slalom. Ils ont bien travaillé cette piste, les gens sont contents», se félicite, Guillaume Rochat, président de l’organisation. Un mérite copieusement relevé et à juste titre, par Christophe Bifrare lors de la cérémonie de clôture qu’il présidait. «Accueillir plus de deux mille participants, les nourrir, les héberger, les faire skier et ce, quatre jours durant, il fallait les épaules!» ajoutait en privé le syndic de L’Abbaye.
Mais revenons au début.
Thème: le monde hospitalier
L’an dernier, c’est Leysin qui a accueilli le camp de ski de la FVJC, sorte de «giron d’hiver» des Jeunesses vaudoises. La Jeunesse des Charbonnières (officieusement: Jeunesse de toute La Vallée) s’est proposée d’organiser l’édition 2023. «La partie “candidature”, c’est plus fun: on va un peu partout se présenter et se montrer, mais une fois qu’on a la responsabilité de la manifestation, ça change complètement, il faut mettre la main à la pâte. On a commencé en mai dernier avec les décorations, la construction du caveau et les peintures, etc.», se souvient Guillaume Rochat. Une quarantaine de membres a donc mis neuf mois pour organiser ce grand raout hivernal.
Le thème retenu est le monde médical. Sont ainsi sortis de terre: une structure de 200 m2 posée devant les salles de gym, montée par les jeunes cousins Bonny avec du bois offert par la commune et baptisée l’«EMS»; ce sera le caveau. Une place des fêtes, cantine de 2’000 m2 (un demi-terrain de foot, quand même!) nommée «l’Hôpital» accueillera les rassemblements. Capacité: 3’000 personnes, même plus en se serrant bien. Des pancartes des différentes Jeunesses y pendent sous la toile faîtière, en forme de seringue, de pilule ou d’ambulance. Enfin, les membres de la Jeunesse combière portent un chandail noir floqué de leur nom dans le dos «Les toubibs» et les nombreux bénévoles, un chandail rouge et leur nom d’«Éclopés». Ambiance.

25 ans de la Cantonale
La première soirée, le jeudi 2 février, a rendu hommage aux anciens de la Cantonale, laquelle a eu lieu à l’été 1998. Ils étaient pratiquement tous là, réunis autour d’un verre, à regarder avec nostalgie un film monté pour l’occasion, se remémorant ces trois semaines de fête. Ne vous y méprenez pas, l’ambiance est à la fête et les anciens ont visiblement l’air heureux de se retrouver!
19h30, c’est l’heure du match aux cartes dans la gigantesque «Place des fêtes». Tout ce petit monde se retrouve attablé, prêt à en découdre. Une soixantaine d’équipes est inscrite, pour quatre parties de jass de quarante-cinq minutes chacune. Des paniers garnis sont à gagner et une soupe aux pois distribuée à tous à la fin. On me glisse dans l’oreillette qu’ici, c’est comme à l’école des fans de feu Jacques Martin, tout le monde a gagné puisque chacun repart avec un lot! Encore étonnée que cette jeunesse connaisse cette référence antique, votre rédactrice applaudit à deux mains!
Les jeunes dormiront dans la salle omnisports à côté, transformée en dortoir, afin d’être en forme pour les compétitions de ski qui ont lieu le lendemain.



350 inscrits au slalom
Dès le lendemain, place aux compétitions. Ou pas. Le slalom nocturne du vendredi soir a été annulé pour pouvoir préserver la piste pour le lendemain et le surlendemain. Sans trop de regrets. C’était l’idée des organisateurs de proposer cette activité supplémentaire et optionnelle. Pas comme les concours du week-end, statutaires et obligatoires.
Pendant le slalom géant du samedi, toujours bien fréquenté, on pouvait apercevoir différents types de participants: les connaisseurs qui étaient là pour gagner, ceux qui préféraient aller moins vite pour profiter du paysage et ceux qui voulaient simplement s’amuser en faisant le slalom en ski de fond. Bien entendu, les participants de cette dernière catégorie finissaient très souvent par terre. Inversement, il semblerait que pour les concours de ski de fond du samedi après-midi, certains participants avaient déjà prévu d’utiliser des skis de piste. Le bar des neiges, appelé la Psychiatrie, en bas du téléski et la buvette étaient noirs de monde. À midi, surprise: les Bedzules, une guggenmusik de Prilly, ont assuré l’animation.

Le Pays d’Enhaut en force
Les activités se sont déplacées aux Grandes Roches l’après-midi, avec trois fois moins de skieurs, pour la course de fond en individuel. À nouveau, le contraste est frappant entre routiniers au pas de patineur énergique, amateurs, qui se donnent quand même de la peine et dilettantes avançant au trot. «Je sais pas comment ça marche, cette m…» se plaint, hilare, un jeune homme désarticulé sur ses lattes. Lorsqu’une concurrente s’affale dans la descente, ses poursuivants s’arrêtent à sa hauteur pour demander si tout va bien. Un peu fatiguée, la demoiselle décide finalement de rester sur place; elle en a fait assez.
Peu importe le niveau des uns des autres, les copains sont là pour vociférer leurs encouragements nominaux dans une ambiance festive et décontractée. À ce jeu, ce sont les jeunesses du Pays d’Enhaut et des Ormonts qui trustent tous les podiums. Et pour cause: les locaux, qui auraient pu leur disputer la suprématie, ne participaient pas, trop affairés à l’organisation.


Fièvre du samedi soir
Le samedi soir est toujours l’événement principal.
Nouveau contraste entre une place des fêtes qui comptait plusieurs zones vides malgré les quelque 2200 personnes présentes et le caveau absolument plein à craquer. Une partie de la foule a assisté au concert perché sur les tables et les bancs. «Les Sales Gosses», formation musicale bien connue des Jeunesses ont ouvert pour les «Howling Rabbits», régionaux de l’étape, pour lesquels on retrouvait déjà une foule beaucoup plus combière avec énormément de visages familiers. Au cours de la soirée, l’EMS a bien mérité son nom: les «vieux» sont restés au caveau tandis que le gros de l’assistance s’est déplacé sous la cantine, où la foule n’a fait que s’agrandir au fil de la soirée. Différents DJs ont couvert l’animation.
Le dimanche est réputé moins actif comme journée. Seuls ceux qui n’avaient pas forcé la veille au soir étaient présents pour un slalom spécial le matin – sur une piste déjà défoncée pour le dernier tiers des participants de la veille – et pour une course de fond en relais aux Grandes Roches, l’après-midi.



Les syndics jouent le jeu
À noter encore le côté intergénérationnel de la manifestation: on trouvait parmi les nombreux bénévoles des anciens de la jeunesse locale comme des têtes blanches soucieuses d’épauler les plus jeunes, tels ce couple du Sentier qui ont servi tout le week-end entre le bar et la cantine pour seconder leur fiston, membre de la jeunesse.
Lors de la partie officielle, les trois syndics des communes combières ont surtout mis l’accent sur leur reconnaissance. «Vous avez relevé un défi que vous vous êtes vous-mêmes lancé. Continuez d’entreprendre!» les a encouragé Olivier Baudat. Et d’ajouter: «Merci de nous rappeler de faire la fête en ces temps un peu troublés». «Nous allons sereinement vers l’EMS», l’a enjoint Patrick Cotting avec un double-sens volontaire. «On sait que vous serez là pour nous».
Les élus devaient ponctuer leur intervention par une chanson, selon la tradition et ils s’y sont prêtés de bonne grâce, en interprétant Bécaud ou Bachelet à la mode des Bronzés, sous les applaudissements. Frédéric Borloz, ministre vaudois de la Santé, n’a pas chanté, «ce serait un massacre» a-t-il prévenu, mais le ministre de l’éducation a déclamé avec emphase les paroles d’une chanson à boire bien vaudoise.
Le caveau va rester
Le camp de ski de la FVJC avait déjà eu lieu à La Vallée en 2014. À l’échelle des Jeunesses, c’est une toute nouvelle génération qui était cette année aux commandes, même si une dizaine «d’anciens» de 2014 ont assumé la responsabilité des différents débits de boisson. L’an prochain, le camp de ski de la Fédé aura lieu à Château d’Œx.
Quant au caveau, il a être démontée et ne servira pas au-delà du camp de ski de la Fédération Vaudoise des Jeunesses campagnardes pour lequel il a été conçu et monté.



Jeunesses locales.