Freiholz, vous avez dit Freiholz ? Non, il ne s’agit pas cette fois de Sylvain, alias « l’homme qui pouvait voler » mais de Yvan, le cousin, alias « l’homme qui savait sculpter ». Depuis 2018, l’artiste s’est établi aux Charbonnières, et a ouvert l’entreprise « Bois Libre Créations » spécialisée dans la création d’œuvres d’art. Faisons un bout de chemin avec ce Combier au parcours atypique.

Fils d’un forestier de métier et sculpteur de passion, petit-fils d’un polisseur de chez Jaeger-LeCoultre, sculpteur à la gouge, Yvan Freiholz a reçu le don de la sculpture sur bois dès le berceau. Mais c’est après bien des méandres professionnels que l’enfant du Solliat revient à La Vallée et ouvre en 2018 sa propre entreprise « Bois Libre Créations » aux Charbonnières. Une entreprise forestière dans laquelle il est également, sculpteur, bûcheron et artiste. Focus sur les différentes facettes de cet enfant de La Vallée
Itinéraire d’un enfant de La Vallée
Après avoir effectué sa scolarité et son apprentissage de forestier bûcheron au Chenit, Yvan travaille quelque temps à L’Abbaye comme bûcheron. Après cette expérience, il choisit une voie tout à fait différente et profite de sa formation militaire de grenadier pour exercer à Vallorbe chez Securitas. S’en suivent quelques années de petits boulots variés avant de revenir comme bûcheron dans l’entreprise familiale. Mais l’attrait du changement taraudant le sculpteur professionnel en devenir, Yvan est engagé comme machiniste chez Carlin, comme commercial chez Würth AG, comme employé dans la rénovation, puis comme poseur et commercial dans les panneaux photovoltaïques. C’est une formation de conseiller technique en énergies renouvelables qui lui permet d’être embauché par une entreprise combière, et le revoilà en terre natale. En parallèle, Yvan fréquente les concours de bûcheronnage, et le plaisir de sculpter prend de plus en plus de place.
Enfin libre de créer
« Il m’a fallu quelques années à exercer différents métiers pour que mon désir d’ouvrir ma propre entreprise prenne forme et mûrisse suffisamment » explique Yvan. « En 2018 j’ai créé Bois Libre Créations – aux Charbonnières et aujourd’hui, lorsque les clients m’appellent, c’est souvent qu’ils ont une idée en tête. Ils ont un arbre à retirer, et l’idéal est de lui donner une seconde vie ». Car Yvan le souligne plusieurs fois, il n’abat pas un arbre pour faire de la sculpture, sa passion est de faire de la sculpture avec un arbre que l’on doit abattre. Alors, il écoute le client et met son interprétation au service de ce dernier. « Par exemple, un client devait abattre un arbre mais voulait en garder une trace. Ainsi j’ai pu proposer une sculpture à la tronçonneuse dans la souche puis décliner le tronc en bancs, et en petites sculptures variées, comme des Morilles. »
Quelle essence de bois préférez vous travailler ?
« Le tilleul, mais je n’en ai pas souvent l’occasion. J’aime aussi le frêne pour le rendu, et j’ai eu l’occasion de travailler sur le tulipier, on ne tombe pas dessus tous les jours mais la teinte et les coloris sont incroyables. Au quotidien, je travaille sur du bois local car le Risoud regorge de ressources exceptionnelles, je travaille donc surtout sur l’épicéa »
Cette volonté de mettre en avant le bois local a par ailleurs attiré l’intérêt du Parc naturel régional Jura vaudois qui lui a consacré un article pour parler de l’utilisation des ressources locales et des différents métiers du bois.
Un processus créatif varié et éclectique
Lorsqu’on lui demande quelle sculpture il a particulièrement apprécié de créer, il est difficile d’avoir une réponse. Et pour cause, l’artiste fabrique aussi bien du mobilier que des petits objets du quotidien ou des sculptures grandeur nature. « Chaque création a une histoire et une interprétation personnelle » explique-t-il. Alors allons chercher quelques pépites. Par exemple, si un jour, vous vous rendez dans son atelier, vous serez accueillis par un ours géant, qui naquit sous les mains de l’artiste, un jour de démonstration pour une buvette d’alpage. Ou, si vous vous rendez sur la route du Mont Tendre en quittant Montricher, vous y croiserez un sanglier, un loup, un lynx, une vipère et autres petits animaux du Jura vaudois, sculptés à même la souche d’un arbre. Arrêtez- vous un moment, car oui, il s’agit de l’un des bestiaires d’Yvan Freiholz. Le travail effectué à la tronçonneuse et à la gouge est ultra-réaliste et mérite un moment d’admiration pour le plaisir des yeux.
Une anecdote liée à la sculpture ?
« Un jour, je travaillais en équipe, en plaine. Nous abattions un arbre qui constituait un danger pour les maisons aux alentours. L’accès étant particulièrement difficile, il fallait travailler depuis la route un peu plus haut, à l’aide d’une grue. Une dame, portant une fourrure sur le dos, arrête son véhicule et s’adresse à moi, en colère, face à l’abattage d’un arbre centenaire. Impossible de lui faire entendre que l’arbre était malade et que l’abattage était nécessaire. Et c’est une remarque que je reçois parfois sur les réseaux sociaux. Alors j’explique, encore, que l’on n’abat pas un arbre pour servir à la sculpture, mais que c’est la sculpture qui est au service de la mémoire de ces arbres parfois centenaires ».
A la fois entreprise forestière et atelier créatif, l’entreprise Bois Libre Créations met en avant le parcours d’un patron, sculpté dans une formation scolaire classique, poli par un héritage artistique familial et verni par une expérience professionnelle atypique. Yvan Freiholz aime le changement et les challenges. Parions que ce Combier n’a pas fini de surprendre.
Envie d’en savoir plus ? www.boislibre-creations.com


