Dans le cadre de la campagne de l’Office fédéral de l’environnement Woodvetia, les premières «Journées du bois suisse» ont eu lieu vendredi 15 et samedi 16 septembre. Dans toute la Suisse, des entreprises ont ouvert leurs portes pour faire découvrir aux écoles (vendredi) et au grand public (samedi) l’ensemble de la filière du bois, de la forêt jusqu’au produit fini.
Huit sites ont ouvert au public dans l’Ouest Vaudois, dont quatre à la Vallée de Joux: Brassus Bois, LGS Swiss skateboard Company, le Centre d’exploitation des forêts cantonales et gardes forestiers et Etienne Berney SA. C’est chez ce dernier qu’a eu lieu la cérémonie de lancement de ces journées. Mais avant ce lancement, ce sont 138 élèves Combiers qui ont eu la chance de visiter ces quatre lieux, explorant et découvrant la filière du bois dans son ensemble. «Le but est non-seulement de susciter des vocations mais aussi qu’ils comprennent pourquoi on doit utiliser du bois suisse et tout ce que cela implique, à la fois la partie environnementale (filières courtes) et la gestion des déchets, etc. Les enseignants réutilisent les informations que les élèves récoltent pendant leurs visites pour les sensibiliser à tout ça» nous informe-t-on dès l’entrée. «C’est la première fois qu’une telle initiative a lieu, il y a plus de 80 sites dans toute la Suisse dans le cadre de cette campagne nationale», indique Christine Maillefer, en charge de la coordination des Journées pour l’Ouest Vaudois, «on veut promouvoir la filière Bois suisse qui est mise sous pression, notamment par les importations de l’étranger. C’est une grande campagne nationale, il existe 19 statues en bois, créées spécialement pour l’occasion, dispersées dans tout le pays. Tout le monde connaît les forêts mais n’a pas conscience de toutes les étapes et des filières (chauffage, industrie, etc.).
On veut montrer les différents cycles du bois. Les forêts suisses sont sous-exploitées car c’est assez cher de les exploiter, les propriétaires forestiers perdent actuellement de l’argent s’ils les exploitent. On veut faire connaître notre certificat d’origine certifié pour le bois: COBS. En l’utilisant, on maintient les forêts saines et des emplois, notamment dans les filières de transformation et c’est une valeur ajoutée au niveau qualitatif».
Quelques chiffres
M. Stives Morand, syndic de la commune du Chenit, indique «à ce jour les forêts de la Vallée de Joux croissent de pas moins de 40’000 m3 par année! Soit 100 m3/heure rapporté à la charpente en construction pour notre hôtel de ville, ce n’est pas moins de 50 charpentes similaires qui pourraient sortir des forêts de la Vallée de Joux par année». Il constate qu’en 30 ans, il y a moitié moins de personnel forestier à la commune. M. Jan-Matti Keller, inspecteur des forêts des 11e et 16e arrondissements, nous apprend que «la Vallée de Joux, d’une superficie de 16’500 hectares, est recouverte de 14’000 hectares de surfaces soumises au régime forestier (…) sur ces 14’000 hectares, il y a 11’000 hectares de surfaces boisées. Ce qui veut dire que la Vallée est recouverte aux ⅔ de forêts. Pour vous donner une idée: ces 11’000 hectares représentent l’équivalent d’environ 15’000 terrains de football, 15’000 m2 par habitant, soit 2 terrains de football par habitant. (…) chaque année, le volume de bois dans les forêts de la Vallée de Joux augmente de 9’000 m3.» Et d’insister sur le fait que le bois de proximité doit être utilisé dans les constructions, afin de pouvoir continuer à exploiter nos forêts. Mme la députée Carole Dubois nous parle au niveau cantonal «la forêt vaudoise s’étend sur 126’000 hectares et représente 10% des surfaces forestières suisses. Le canton de Vaud est le 4e canton forestier en surface dans le classement national. La forêt occupe environ 39% du territoire du canton de Vaud. Il est au 2e rang suisse en matière d’exploitation du bois avec une production d’environ 470’000 m3, soit 10% du total suisse.
Le principal frein à une augmentation de la production est bien entendu le prix du bois extrêmement bas qui rend l’exploitation déficitaire et dépendante des subventions». «Le bois suisse trop cher est un mythe» indique M. Martial Chabloz, ingénieur civil EPFL. Et c’est une ressource précieuse pour la diversification des activités de La Vallée.
Sur les sites
Outre les visites des entreprises participant à l’opération ce samedi, elles proposaient des activités à destination du grand public et surtout pour les enfants. Coup de projecteur sur le Centre d’exploitation des forêts, où nous nous sommes rendus. Dès l’arrivée, on a pu voir une démonstration de scie-mobile (voir la vidéo) ce qui impressionnait grandement les enfants. De gigantesques tracteurs (où l’on pouvait monter) transportaient d’énormes troncs d’arbres et les déposaient devant la scie-mobile, qui après quelques réglages de l’opérateur, s’affairait à découper le tronc en planches, égales au millimètre près. Cet engin est emmené directement en forêt. A l’intérieur, démonstration de fabrication de tavillons pour les façades et les toits. Jean-Noël Cretin, avec Olivier Freiss en produisent toute l’année, ils ont 6 à 8 mm d’épaisseur, ont de grandes propriétés d’isolation, résistant à la fois à la chaleur, à l’humidité et au froid. Juste à côté, les enfants avaient l’occasion de fabriquer eux-mêmes (un tout petit peu aidés quand même) leur propre boîte à Vacherin (voir vidéo). Ils s’en sont donné à coeur joie, surtout qu’ils pouvaient la remplir ensuite de bonbons et ballons laissés à disposition… Plus de 250’000 boîtes à Vacherin sont fabriquées ici en six mois «car le bois doit être frais sinon il pourrit. On peut aussi le congeler, en cas de besoin» nous dit-on. Des navettes gratuites emmenaient les visiteurs d’un site à un autre afin de faciliter les déplacements en ce jour pluvieux.
Une première édition qui semble vouloir se réitérer, au vu de son succès malgré ce week-end prolongé.
Carmen Mora




