Votations fédérales du 24 septembre 2017
Dans les pays qui n’ont pas d’assurances sociales, les familles sont responsables de prendre soin des malades, des handicapés, des personnes âgées. En Europe, suite aux luttes sociales des XIXe et XXe siècles, l’Etat a mis en place des prises en charge des personnes les plus faibles, qui, par suite de maladie, d’accident, de vieillesse ou de crise économique n’avaient plus de quoi subvenir à leurs besoins vitaux. Ainsi, l’introduction de l’AVS juste après la dernière guerre mondiale, en 1947, a permis aux personnes âgées de voir arriver la fin de la vie active avec sérénité; dans le même temps, les familles n’ont, peu à peu, plus eu à prendre complètement en charge leurs parents âgés, ceux-ci ayant gagné en indépendance financière. En parallèle, l’assurance maladie solidaire a permis de soigner les malades sans que les familles croulent sous les frais d’hospitalisation ou de médecin.
Je suis frappée d’entendre le débat actuel autour de Prévoyance 2020, Les arguments de solidarité, de cohésion sociale passent à la trappe; de nombreux groupes d’intérêts invitent les citoyennes et citoyens à calculer ce que chacun sera sensé «gagner» ou «perdre» lorsqu’il arrivera à la retraite dans deux ou trois décennies. La moindre des honnêtetés voudrait que les deux camps rappellent qu’il s’agit de projections et que la boule de cristal ne fonctionne pas à titre individuel, surtout dans le monde actuel, en évolution très rapide.
Ce qui devrait mener à réflexion, c’est plutôt: quelle société voulons-nous pour l’avenir, dans vingt, trente, trente-cinq ans?
• Une société à l’américaine, dans laquelle l’individualisme prévaut, avec la croyance que la responsabilité individuelle permettra à chacun de devenir riche et d’être gagnant? La devise est alors celle du «chacun pour soi», et les exemples venus des USA ont de quoi laisser songeur…
• Ou une société dans laquelle la solidarité entre les générations prévaut et permet d’assurer un minimum de cohésion sociale, salutaire pour l’ensemble de la population?
Pour ma part, je préfère la devise de la Suisse, «Un pour tous, tous pour un»! Elle devrait nous inciter à accepter Prévoyance 2020, projet construit dans l’esprit du consensus helvétique, qui tente de concilier les intérêts du plus grand nombre pour garantir des retraites décentes pour les deux à trois décennies prochaines.
Et dans un même esprit de solidarité nationale, je voterai en faveur de l’article constitutionnel sur la sécurité alimentaire. Ce concept global qui va «de la fourche à la fourchette» doit garantir à long terme l’approvisionnement en denrées alimentaires indigènes en impliquant toute la chaîne de production, permettant d’offrir aux consommateurs en priorité des produits régionaux issus d’une production durable.
Josiane Aubert, ancienne conseillère nationale