Celle-ci, du milieu du XIXe siècle, figura longtemps contre l’un des murs de la salle du directeur du Collège scientifique du Chenit, Chez-le-Maître si bien nommé ! A force d’être ainsi affichée en pleine lumière, elle en vint à perdre ses couleurs, raison pour laquelle sans doute elle fut retirée de la circulation pour figurer dorénavant dans les fonds du Musée du Collège, sous la cote MCCA1.
Grosso modo elle nous offre de découvrir quatre bâtiments publics du village du Sentier, soit, de gauche à droite, partie de l’Hôtel de Ville, Hôtel de l’Union, qui vient d’être construit, la cure et enfin l’église. Au loin se profilent quelques maisons du Haut-du-Sentier. Nous sommes en pleine saison de fenaisons, avec un spectacle bucolique qui se donne aux limites des Sagnes du Sentier.
Apparaissent au loin le lac et la Dent.
Il nous est apparu qu’il fallait tenter d’en savoir plus sur cette œuvre, citée pour la première fois dans la FAVJ du 11 septembre 1913 :
Musée du Collège.
Tout dernièrement, cette institution a reçu en don les pièces suivantes:
a reçu en don de M. le Dr René Meylan, bourgeois du Chenit, de Moudon, une peinture ancienne mesurant 50 x 38 cm et représentant la partie centrale du village du Sentier. On y voit le Temple /(celui qui a brûlé en 1898) avec sa façade grise, le cadran de l’horloge et la flèche élancée de son clocher, tableau familier à tous, puis sur la gauche une partie de l’Hôtel-de-Ville, l’Hôtel de l’Union, avec son grand jardin sans arbres. Un pavillon surmonte le mur bordant la route. Plus loin c’est la Cure et le mas du Haut-du-Sentier. La route ne paraît être qu’un simple chemin. Sur la droite la Sagne avec ses fourrés de dailles. Immédiatement au premier plan, des faucheurs sont occupés dans les champs qui descendent de la route. Les hommes portent la culotte et le chapeau à très larges ailes. La vue du lac, les Bioux, l’Abbaye et la silhouette bien connue de la Dent-de-Vaulion occupent le fond de la toile.
Cette intéressante pièce et signée A. Piot. Elle date vraisemblablement du XVIIIe siècle. Du reste, des recherches en cours permettront sous peu d’en fixer à peu d’années près la date exacte.
Notons que l’auteur de cet article allait chercher trop loin dans le temps, puisque l’Hôtel de l’Union ne fut construit qu’au milieu du XIXe siècle.
L’histoire de cette aquarelle revenait sur le tapis plus d’un demi-siècle après ces précisions. La lettre qui suit figure au verso de l’œuvre :
Le Sentier, 7 février 1969
Monsieur E. Schaer
Directeur du Collège
1347 Le Sentier
Monsieur,
…
A mon tour de vous donner le renseignement demandé au sujet de l’aquarelle pendue à la paroi de votre bureau. Peintre vaudois Auguste-Louis PIOT (1764-1868). Bourgeois de Pailly et d’Orge, près Payerne, Conservateur du Musée Arlaud à Lausanne et professeur de dessin à l’Ecole Normale de cette ville de 1846 à 1861. En guise de reconnaissance, une salle Piot a été instituée (elle a disparu actuellement) dans le dit musée. Elève de David à Paris, il s’est distingué dans les miniatures surtout et ses œuvres sont aujourd’hui dispersées dans les familles suisses et vaudoises, dont l’aquarelle qui nous intéresse, propriété de M. le Dr René Meylan de Payerne. A sa mort, elle est revenue par donation, au Collège, par l’entremise de M. Givel.
Ce Dr René Meylan était oncle de M. Marius Meylan, père de l’actuel Louis-Meylan-de-Léon, à la Golisse.
Cordialement votre,